Le
transport artisanal face aux mutations urbaines à Amman (Jordanie) : outil de résilience ou obstacle au développement ?
Auteur: Eliott DUCHARME
Amman, capitale macrocéphale de la Jordanie qui accueille la moitié de la population du pays, a connu une croissance exponentielle du fait de l’arrivée successive de réfugiés palestiniens, irakiens puis syriens depuis 1948. La très forte expansion de son aire urbaine s’est faite de manière duale : à l’ouest de la ville, s’étendent des quartiers aisés avec une trame urbaine peu dense, desservis par des quasis autoroutes urbaines. A l’est, où la topographie est plus accidentée, se trouvent les anciens camps de réfugiés et les quartiers populaires, dans de très fortes densités.
Le transport public a très rapidement été dépassé par la situation et la mobilité des habitants est assurée d’une part par la voiture individuelle, largement majoritaire à dans la partie ouest de la ville, d’autre part par des micro-opérateurs de transport artisanal ne possédant pour la plupart qu’un seul véhicule – soit des taxis collectifs (services) et des minibus (coasters).
Ce travail se base sur une mission de terrain de trois mois effectuée à la municipalité d’Amman dans le cadre de l’organisation par CODATU et d’autres partenaires institutionnels de Journées Nationales du Transport Urbain, lesquelles se sont déroulées à Amman en octobre 2015. Cette mission a servi de base à un travail de recherche effectué dans le cadre d’un mémoire de Master en urbanisme à l’Institut d’Urbanisme de Lyon, sous la direction d’Éric Verdeil. Ces recherches s’appuient sur des entretiens effectués avec des acteurs institutionnels et associatifs jordaniens, une analyse des documents de planification de la municipalité d’Amman, une enquête réalisée auprès de 50 conducteurs de transport artisanal. Elles s’inscrivent plus généralement dans les travaux relatifs à la gestion urbaine jordanienne et aux tensions politiques et sociales qui traversent la société jordanienne ; au gouvernement des villes dans un contexte de mondialisation et de « néolibéralisation » des enjeux urbains ; et aux revers des discours de la modernisation et du développement dans les pays du Sud.