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23 et 24 septembre 2013 se sont tenues les Journées Nationales du Transport Urbain à Rabat (Maroc). Ces journées étaient organisées dans le cadre du programme du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMI) sur les Transports Urbains Durables en Méditerranée*, un programme piloté et financé par l’Agence Française de Développement (AFD). Cet événement rassemblait les experts des transports et de la mobilité urbaine marocaine afin de partager une vision du développement du secteur des déplacements urbains et d’identifier les grands chantiers prioritaires à engager à court et moyen terme pour la concrétiser. Elles prolongeaient les échanges entre acteurs structurants du système de transport qui avaient été engagés le 3 octobre 2012 avec l’appui de la Banque Mondiale autour des thèmes de la gouvernance et du financement.
Casablanca et Rabat-Salé: des expérimentations grandeur nature
Au cours de la dernière décennie, la demande de déplacements a fortement évolué. Avec la croissance économique, le taux de motorisation des ménages s’est fortement accru. Les distances des déplacements ont fortement augmenté et le recours à une mobilité mécanisée est devenu de plus en plus fréquent pour les urbains. Mais rapidement, les grandes agglomérations marocaines ont commencé à souffrir de congestion chronique sur les axes structurants. Noyés dans le trafic, les transports collectifs institutionnels perdent de leur attractivité face aux modes de transports individuels mais également par rapport au transport informel qui se développe pour pallier à l’insuffisance de l’offre. Toutefois, l’accessibilité depuis certains quartiers reste très limitée.
Depuis quelques années, le Maroc a amorcé une structuration du secteur du transport urbain. Le développement de transport collectif en site propre dans les aires métropolitaines du Grand Casablanca et de Rabat-Salé-Témara a changé la donne au niveau local et offert de nouvelles perspectives aux autres agglomérations. Si l’arrivée du tramway dans les deux plus grandes agglomérations du pays ont redoré le blason du transport collectif urbain, elle a également soulevé de nouveaux enjeux pour les décideurs marocains.
Tout d’abord, la complémentarité avec les réseaux de bus peine à s’organiser. La crise suscitée par le départ de Véolia à Rabat-Salé-Témara et les déficits d’exploitation récurrents de la société M’dinabus à Casablanca ont obligé les responsables marocains à repenser le schéma de délégation de service public. La délégation “aux risques et périls” , qui est de mise dans les autres agglomérations, semble avoir atteint ses limites là où la congestion réduit considérablement les vitesses commerciales.
Gouvernance et financement des transports collectifs au cœur des débats
Le financement de l’exploitation du transport collectif urbain était donc un enjeu majeur dans la capitale et à Casablanca. Par ailleurs pour les autres agglomérations millionnaires désireuses de s’équiper de Bus à Haut Niveau de Service, la question du financement des infrastructures restait posée.
Ensuite, les autorités marocaines souhaitent structurer le schéma institutionnel des transports collectifs urbains à travers le processus de décentralisation. De ce point de vue, Rabat-Salé-Témara et le Grand Casablanca développent des modèles différents qui ne sont pas encore tout à fait aboutis. Ils devraient toutefois permettre d’orienter les autres agglomérations du pays dans leur renforcement de leur gouvernance locale.
Les Journées Nationales du Transport Urbain, qui se tenaient sous l’égide du Ministère de l’Intérieur, les acteurs du transport et de la mobilité urbaine au Maroc ont pu contribuer à la réflexion pour constituer un schéma de gouvernance équilibré et fournir un modèle économique aux transports publics.
Les présentations des sessions sont disponibles en ligne : Journées Nationales du Transport à Rabat
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* Le programme du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMI) sur les Transports Urbains Durables en Méditerranée était piloté et financé par l’Agence Française de Développement qui a confiée la maîtrise d’œuvre à CODATU. Il s’appuyait sur un cycle de rencontres nationales et internationales ayant débuté en 2010. Quatre conférences régionales ont permis d’exposer 90 études de cas, en réunissant 310 participants, originaires de 19 pays du pourtour méditerranéen : Algérie, Égypte, Espagne, Italie, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie, Portugal, France entre autres. En 2012, le programme s’est tourné vers les pays membres du CMI et proposait d’organiser des Journées Nationales du Transport Urbain, destinées à appuyer les autorités locales et nationales dans la prise en compte des enjeux de mobilité urbaine sur leur territoire en apportant des points de repère internationaux.
Pour en savoir plus sur le Programme Transports Urbains Durables.