Mémoire rédigé par Fatou Niang dans le cadre d’un Master 2 en Urbanisme et Aménagement, parcours Expertise internationale dans les villes des Suds, à l’École d’Urbanisme de Paris
Mutations urbaines, dynamiques socio-démographiques et modernisation à Dakar : vers une transition des modes de déplacement urbains ?
L’état des mobilités à Dakar constitue depuis des décennies un enjeu majeur dans la gestion urbaine. Les conditions de déplacement, l’état vétuste des infrastructures de transport, la faible qualité et quantité de l’offre, la coordination complexe entre les différents acteurs du secteur des transports et l’urbanisation « horizontale » très rapide et irrégulière qui se poursuit aujourd’hui sont les principaux facteurs à l’origine de nombreux dysfonctionnements dans la gestion des déplacements urbains.
Face à l’augmentation des besoins de mobilité ainsi qu’au contexte marqué par de multiples enjeux urbains, socio-spatiaux et économiques, l’État sénégalais vise, à travers des projets de transport et les politiques publiques, à améliorer les conditions de déplacement dans l’agglomération de Dakar. Cependant, le volontarisme public exprimé dans les politiques et les projets de transport du gouvernement ne suffit pas, à lui seul, à mettre en œuvre des réponses adaptées à des demandes de mobilité d’autant plus hétérogènes que les inégalités socio-économiques s’accroissent et que les écarts de développement entre les espaces de la métropole s’accentuent.
La connaissance souvent limitée de la demande, les écarts de richesse et de pouvoir d’achat des usagers, les représentations divergentes du concept de modernité urbaine entre élites et classes populaires voire pauvres et les contraintes financières des pouvoirs publics dans le secteur des transports nous poussent à questionner les écarts existants entre les objectifs affichés par les politiques publiques et notamment la mise en œuvre d’une offre de mobilité « moderne » et les besoins réels de mobilité de la population.
Avec les futurs projets de transport comme le Train Express Régional et le Bus Rapid Transit, les programmes et opérations de renouvellement des transports artisanaux mais aussi la nouvelle planification à l’horizon 2035, il est impératif de s’interroger sur les questions d’égalité d’accès à ces services et la prise en compte des besoins de toutes les couches sociales. Les pouvoirs publics, appuyés par les institutions internationales et influencés par les discours et modèles de la « ville durable », expriment la volonté de passer d’un système de transport et des modes de déplacement considérés comme « archaïques » et non durables d’un point de vue environnemental, à un nouveau système plus moderne et durable. On parle alors d’une « transition » amorcée des modes de déplacement urbains à Dakar. Toutefois, moderniser le secteur des transports n’implique pas seulement un changement des modes de déplacement des citadins mais entraine aussi des contraintes majeures d’accès à la ville pour une grande partie de la population, souvent la plus démunie. Certains modes de déplacement comme la marche à pied et les transports collectifs restent prépondérants malgré l’absence d’infrastructures dédiées et une offre insuffisante, tandis que d’autres comme la voiture privée connaissent une augmentation progressive et rapide en lien avec l’enrichissement de certaines classes sociales qui demeurent difficiles à identifier.
Finalement, à quelles demandes et aux besoins de quelles populations les nouveaux modèles de transports et la planification répondent-ils ou tentent-ils de répondre ?
Accéder au mémoire ici : Mémoire Fatou NIANG M2 EUP